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Maison de la Lépreuse (38620 Massieu)

Posté : 07 juil. 2011 19:09
par mauguier
La ''Maison de la Lépreuse'' (XVIe siècle)

On doit aux actuels propriétaires du château de Longpra, la famille de Franclieu, les détails suivants :

"Jean Pascalis, seigneur de Longpra, épousa en 1560 Françoise de Saint-Germain-de-Champe. Atteinte de la lèpre en 1572, elle fut répudiée par son mari et installée par son père dans cette maison de Massieu en 1579. Ell y mourut le 2 octobre 1582 et fut enterrée dans le cimetière de Massieu." - fin de citation.

Cet édifice, si on met à part l'église dont on ne sait rien de précis antérieurement au XIXe siècle, est le plus ancien édifice du village et porte les marques évidentes de l'époque de sa construction, comme les fenêtres à meneaux et la toiture.
Il faut remarquer à ce propos que la forme du toit ("à la Dauphinoise"), si elle remontait à cette époque, ferait de cette maison l'une des premières de la région a avoir été couverte de la sorte. Auparavant, les toitures à 45 ou 60 degrés étaient majoritairement recouvertes en chaume ou en essendoles de chêne. Le duc de Lesdiguières (toujours lui...) avait fait recouvrir sa demeure grenobloise (1595) ainsi que le château de Vizille (1602) selon cette nouvelle technique. Mais on signale à Montferrat non loin de Massieu en 1588, la construction d'une charpente de ce style, par un certain Bergier, dont il faut croire qu'il en avait les moyens, le coût global du procédé excédant de beaucoup l'équivalent en tuiles creuses dites "romaines" (à pente bien sûr bien moins accentuée), ou en essendoles de chêne ou en chaume pour les toits plus pentus.

C'est en tout cas vers la seconde moitié du XVIe siècle qu'on voit progressivement se répandre ces grandes toitures à très forte pente devenues si communes en Dauphiné. On peut s'interroger aujourd'hui sur les raisons d'une dépense bien plus conséquente qu'auparavant de la part des constructeurs.

Alain Belmont, dans une étude de laquelle s'inspire la présente notice (Le Monde Alpin et Rhodanien" vol.4 - 1994 - Musée Dauphinois, Grenoble), y voit trois raisons principales, qu'il présente dans un ordre susceptible d'être modifié, à mon humble avis

1 - Le désir de notabilité et d'imitation (la technique étant née bien plus au nord en France) de la part des catégories les plus aisées,

2 - La raréfaction progressive du bois de chêne, en raison notamment du développement des forges, taillanderies et autres industries fortes consommatrices de ce bois (sans oublier la marine...), ce qui rendait plus difficile le recours aus essendoles,

3 - Les variations climatiques.

Compte tenu de ce qui s'est de plus en plus vérifié depuis la parution de cette étude, il conviendrait peut-être d'inverser tout simplement cet ordre, la raison principale se trouvant être de ce fait une modification substantielle du climat (laquelle ne fut sans doute pas étrangère non plus a la réduction de la surface plantée en chênes...). Il ne faut pas oublier qu'on quittait l'optimum climatique du Moyen-Âge pour entrer dans le "petit âge glaciaire", avec une augmentation notoire des précipitations et un abaissement de la moyenne des températures qui firent sentir leurs effets dans une pluvio-nivosité considérablement accrue : plus le toit est pentu et robuste, plus il laisse glisser les tonnes de neige qui sinon s'accumulent et défoncent les toitures comme ce fut encore le cas au XXe siècle !

On laissera à la cause n°2 son rang...Car il ne faut pas oublier que pour ce qui est des dépenses somptuaires évoquées en première cause, on sortait tout de même à peine des guerres de religion et que la fortune globale du royaume en avait pris un sacré coup. Ce fut donc sûrement plus une nécessité qu'un caprice qui anima ceux qui avaient les moyens de préserver ainsi leur patrimoine.
La photo est prise vers l'angle SO.

Re: Maison de la Lépreuse (38620 Massieu)

Posté : 07 juil. 2011 19:24
par mauguier
Un coup d'oeil sur l'arrière (donc l'angle NO)

Re: Maison de la Lépreuse (38620 Massieu)

Posté : 07 juil. 2011 19:25
par mauguier
Un aspect du mur oriental.