Saint Cérase de Saramon

[Dominique]

L'église paroissiale du XIXe siècle cachait des vestiges remarquables d'une église du XIe : une découverte majeure que Christophe Balagna présentera au public samedi à Saramon.

Comment une église «banale» du XIXe siècle devient «un monument majeur de la seconde moitié du XIe siècle»… c'est cette histoire hors du commun que Christophe Balagna racontera, ce samedi à 17 heures, au public qui fera le déplacement à Saramon. «J'en ai parlé à ceux qui suivent mes cours à Toulouse. Si on y ajoute les habitants de Saramon et les Gersois qui s'intéressent à leur patrimoine, il devrait y avoir beaucoup de monde», anticipe le maître de conférences en histoire de l'art du Moyen-Âge à l'institut catholique de Toulouse.

Ce Tarbais, membre de la Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers, a hâte de faire partager au public les trésors cachés de la tour Saint-Victor. «C'est à l'occasion de travaux effectués dans cette tour, à partir de 2014, qu'on a commencé à mettre au jour des fragments de peintures et de colonnes. Jacques Lapart m'en a parlé et j'ai commencé à m'y intéresser», raconte Christophe Balagna. L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul avait déjà attiré son attention. «Il y a un portail de la fin du Moyen-âge que j'avais étudié dans ma thèse.» Mais Christophe Balagna n'était pas au bout de ses surprises en suivant le chantier que la commune de Saramon a confié à l'entreprise ARP (Art rénovation et patrimoine), de Lartigue.

«ça s'est fait tout doucement, il a fallu un an et demi pour que les vestiges intéressants apparaissent. Des colonnes de 4 mètres de haut, entièrement sculptées et décorées, on n'en voit pas ailleurs. Les chapiteaux, de par leur richesse ornementale, sont à comparer avec ceux de l'abbaye Saint-Martin-du Canigou, en Catalogne.»

Christophe Balagna estime donc qu'à Saramon on a redécouvert «un des monuments les plus anciens du Midi, datant du milieu du XIe siècle. Ces années 1050-1060 correspondent aux balbutiements de l'art roman.» Est-ce à dire qu'on retrouve ici l'empreinte de l'art clunisien, magnifiquement représenté dans notre région à Moissac ? Le chercheur toulousain n'est pas loin de le penser. «On sait que Saramon possédait un prieuré rattaché à Sorèze. Or, l'abbaye de Sorèze appartenait à Cluny.»

Maintenant, il s'agit de protéger et de valoriser les trésors romans de l'église de Saramon : la commune s'y emploiera, confirme Jean-Pierre Salers. Un maire «très fier d'avoir pu réaliser ces travaux de renforcement de la tour Saint-Victor, car cela nous a permis de retrouver tout un pan de l'histoire de Saramon».

Pierre-Jean Pyrda

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