Joinville le Pont - Gégène

Joinville le Pont - Gégène (Restaurant)

Altitude: 37 m

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mauguier
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Re: Joinville le Pont - Gégène

Message par mauguier »

http://www.culture-guinguette.com/marne.htm

© mauguier / 04 juin 2010 16:41
Modifié en dernier par Anonymous le 29 juin 2016 20:25, modifié 1 fois.
Raison : http://v2.chemineur.fr/point/20100604164128
Claude Mauguier
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mauguier
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Joinville le Pont - Gégène

Message par mauguier »

Le cliché est un peu flou, mais c'est bien lui. "A Joinville le Pont, Pont-Pont...", inutile de faire un dessin.
"....
Immédiatement à gauche venait le boulevard de la Marne lequel, avant de longer directement la rivière, délimitait concouramment avec le bras mineur un pâté de maisons de plan grossièrement triangulaire, occupé alors principalement par le Bal Convert, que mon oncle Emile avait d'ailleurs assidûment fréquenté aussi bien en qualité de musicien que de danseur.

Le début des années cinquante était encore fécond en établissements de ce genre, dont Gégène et le Petit Robinson comptaient parmi les plus célèbres, eux-mêmes placés face à Convert, sur la rive droite. Il va sans dire que le dimanche ce bal battait son plein dans le plus pur sens du terme, faisant profiter les environs des coups de cymbales, roulements de caisses, solos de cuivres ou de bois, flonflons à peine assourdis, qui entraînaient la foule compacte des danseurs jusque tard dans la soirée. Ses confrères d'en face le lui rendaient bien et les guinguettes des “dimanches au bord de l'eau” qu'a si bien illustrés Julien Duvivier, bruissaient, résonnaient, clamaient par dessus les vaguelettes de la Marne les joies simples du populo de cette époque.
A telle enseigne que l'aspect de la Marne par un beau dimanche d'été faisait plus penser à ces fleuves de l'Asie des moussons, grouillants d'embarcations en tout genre, leurs rives surpeuplées de populations bigarrées, qu'à un modeste cours d'eau d'Ile-de-France ; quant au fond sonore, il était à l'unisson, bien loin du silence qu'on prête d'ordinaire aux eaux calmes des plaines. Péniches, remorqueurs traînant en hoquetant contre le courant des trains de chalands remplis de charbon, de blé, de sable, constituaient l'armement “lourd” de cette flotte, se frayant un chemin à coups de corne ou de sirène répétés et parfois prolongés par l'impatience ou la crainte des hommes de barre, parmi une armada de canotiers, de pêcheurs, d'adeptes de l'aviron chez qui le “skiff” solitaire et rapide faisait concurrence au lourd “huit barré” dont l'équipage suivait le rythme, matérialisé par un borborygme sonore et cadencé hurlé par le barreur. Vernis ou diversement colorés, coques effilées, rebondies ou à fond plat, tout ce qui pouvait flotter se croisait, s'évitait, ou demeurait benoîtement amarré à quelque perche, tandis qu'un concert de rires, d'appels, de cris, d'imprécations ou d'injures parfois donnait à ce monde nautique sa coloration inimitable.
Quant aux badauds, promeneurs, cyclistes, pêcheurs, baigneurs, souvent accompagnés de gamins tout à leurs jeux, qui encombraient les rives, ils n'étaient pas en reste et contribuaient à l'animation de fête insouciante, de kermesse perpétuelle qui se renouvelait chaque dimanche. Sans oublier bien sûr ceux qui préféraient s'étendre dans l'herbe sous quelque arbre propice aux pique-niques, les amoureux ou les rêveurs, simplement avides de jouir de l'air du temps.

Le face à face de Joinville et de Nogent en fait de guinguettes (où l'on servait jadis le “guinguet”, petit vin léger qui vous faisait aller “de guingois”...), était contrarié par l'absence de pont à proximité, circonstance inacceptable pour tous ces guincheurs avides de goûter à tous les guinches disponibles. D'où la présence, à proximité de chez Convert, d'un passeur.
Celui-ci trimballait d'une rive à l'autre sa bonne vingtaine de passagers dans une grosse barque à fond plat. Je me demande encore aujourd'hui ce qui serait arrivé à celui qui aurait par malheur reçu une gifle d'un pareil athlète...! Toute la sainte journée, d'un ponton à l'autre, cette sorte de barge pacifique mais probablement difficile à manoeuvrer à la seule force des bras, permettait aux jeunes ou aux moins jeunes de varier les plaisirs du dimanche....." ( extrait des chroniques familiales - copyright "Mézigue vers huit ou neuf ans" )

Mais il ne faut pas se faire d'illusion : Gégène, tout comme son voisin immédiat "Le Petit Robinson" brassent de nos jours surtout des souvenirs et sont devenus exemplaires du faux "typique" enveloppé de naphtaline, parfum préféré des nippo-coréo-yankees lorsqu'ils veulent s'initier au folklore local. Le prolo est au chômage ou délocalisé, la télé a remplacé le "petit vin blanc" et le ta-ta-poum électrique s'est substitué à la java.
http://www.chez-gegene.fr/

Le cliché est un peu flou, mais c'est bien lui. "A Joinville le Pont, Pont-Pont...", inutile de faire un dessin.
"....
Immédiatement à gauche venait le boulevard de la Marne lequel, avant de longer directement la rivière, délimitait concouramment avec le bras mineur un pâté de maisons de plan grossièrement triangulaire, occupé alors principalement par le Bal Convert, que mon oncle Emile avait d'ailleurs assidûment fréquenté aussi bien en qualité de musicien que de danseur.

Le début des années cinquante était encore fécond en établissements de ce genre, dont Gégène et le Petit Robinson comptaient parmi les plus célèbres, eux-mêmes placés face à Convert, sur la rive droite. Il va sans dire que le dimanche ce bal battait son plein dans le plus pur sens du terme, faisant profiter les environs des coups de cymbales, roulements de caisses, solos de cuivres ou de bois, flonflons à peine assourdis, qui entraînaient la foule compacte des danseurs jusque tard dans la soirée. Ses confrères d'en face le lui rendaient bien et les guinguettes des “dimanches au bord de l'eau” qu'a si bien illustrés Julien Duvivier, bruissaient, résonnaient, clamaient par dessus les vaguelettes de la Marne les joies simples du populo de cette époque.
A telle enseigne que l'aspect de la Marne par un beau dimanche d'été faisait plus penser à ces fleuves de l'Asie des moussons, grouillants d'embarcations en tout genre, leurs rives surpeuplées de populations bigarrées, qu'à un modeste cours d'eau d'Ile-de-France ; quant au fond sonore, il était à l'unisson, bien loin du silence qu'on prête d'ordinaire aux eaux calmes des plaines. Péniches, remorqueurs traînant en hoquetant contre le courant des trains de chalands remplis de charbon, de blé, de sable, constituaient l'armement “lourd” de cette flotte, se frayant un chemin à coups de corne ou de sirène répétés et parfois prolongés par l'impatience ou la crainte des hommes de barre, parmi une armada de canotiers, de pêcheurs, d'adeptes de l'aviron chez qui le “skiff” solitaire et rapide faisait concurrence au lourd “huit barré” dont l'équipage suivait le rythme, matérialisé par un borborygme sonore et cadencé hurlé par le barreur. Vernis ou diversement colorés, coques effilées, rebondies ou à fond plat, tout ce qui pouvait flotter se croisait, s'évitait, ou demeurait benoîtement amarré à quelque perche, tandis qu'un concert de rires, d'appels, de cris, d'imprécations ou d'injures parfois donnait à ce monde nautique sa coloration inimitable.
Quant aux badauds, promeneurs, cyclistes, pêcheurs, baigneurs, souvent accompagnés de gamins tout à leurs jeux, qui encombraient les rives, ils n'étaient pas en reste et contribuaient à l'animation de fête insouciante, de kermesse perpétuelle qui se renouvelait chaque dimanche. Sans oublier bien sûr ceux qui préféraient s'étendre dans l'herbe sous quelque arbre propice aux pique-niques, les amoureux ou les rêveurs, simplement avides de jouir de l'air du temps.

Le face à face de Joinville et de Nogent en fait de guinguettes (où l'on servait jadis le “guinguet”, petit vin léger qui vous faisait aller “de guingois”...), était contrarié par l'absence de pont à proximité, circonstance inacceptable pour tous ces guincheurs avides de goûter à tous les guinches disponibles. D'où la présence, à proximité de chez Convert, d'un passeur.
Celui-ci trimballait d'une rive à l'autre sa bonne vingtaine de passagers dans une grosse barque à fond plat. Je me demande encore aujourd'hui ce qui serait arrivé à celui qui aurait par malheur reçu une gifle d'un pareil athlète...! Toute la sainte journée, d'un ponton à l'autre, cette sorte de barge pacifique mais probablement difficile à manoeuvrer à la seule force des bras, permettait aux jeunes ou aux moins jeunes de varier les plaisirs du dimanche....." ( extrait des chroniques familiales - copyright "Mézigue vers huit ou neuf ans" )

Mais il ne faut pas se faire d'illusion : Gégène, tout comme son voisin immédiat "Le Petit Robinson" brassent de nos jours surtout des souvenirs et sont devenus exemplaires du faux "typique" enveloppé de naphtaline, parfum préféré des nippo-coréo-yankees lorsqu'ils veulent s'initier au folklore local. Le prolo est au chômage ou délocalisé, la télé a remplacé le "petit vin blanc" et le ta-ta-poum électrique s'est substitué à la java.
http://www.chez-gegene.fr/

© mauguier / 04 juin 2010 16:47
Fichiers joints

29 janv. 2011 16:40

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Modifié en dernier par Anonymous le 29 juin 2016 20:25, modifié 1 fois.
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